bois massif

C’est quoi le bois massif ?

Le bois massif : une définition aux contours imprécis.

Si vous êtes un particulier ou un professionnel, vous pourriez être tenté(e) de recourir au bois massif pour la construction, la décoration ou le mobilier.

Indéniablement, les termes « bois » et « massif » ont ensemble une connotation qualitative chez une clientèle adepte des bois naturels.

Pourtant, définir de ce qui relève ou non du bois massif est une tâche délicate car, en pratique, même les professionnels ne parviennent pas toujours à un consensus.

En tant qu’ébéniste, je me rends chez des clients qui estiment posséder des « meubles en bois massif », mais qui, à y regarder de plus près, n’en sont pas !

C’est pourquoi je pense qu’il serait judicieux d’apporter un début de réponse à une question à priori si simple :

« C’est quoi le bois massif ? »

Bois massif, bois massif reconstitué (BMR), bois massif lamellé-collé (BLC) ou encore trois plis massif… Comment s’y retrouver ?

En premier lieu, il est possible de s’appuyer sur une source comme le Dictionnaire professionnel du BTP, qui propose pour sa part une définition précise et somme toute assez exclusive :

BOIS – massif – n.m. :

Bois d’oeuvre issu directement du débit d’une bille par opposition au bois lamellé-collé, reconstitué, amélioré, etc.

©Jean-Paul Roy et Jean-Luc Blin-Lacroix, Le dictionnaire professionnel du BTP, 3° édition, Eyrolles, 2011
(avec l’aimable autorisation de la direction).

Avant tout, il faut préciser que le présent article n’a pas vocation à faire autorité.

Cela étant, son objectif est d’informer le consommateur – sans exhaustivité – sur les différents types de bois vendus dans le commerce et présentés, avec plus ou moins de légitimité, comme « bois massif ».

Par conséquent, différents types de bois utilisés en menuiserie, en mobilier et en décoration seront énumérés ci-après.

Nous commencerons tout d’abord par ce qui s’éloigne du bois massif, pour progresser ensuite vers ce qui s’en rapproche, jusqu’à atteindre le sens de la définition ci-dessus.

Les bois non-massifs, agglomérés ou transformés.

La fabrication de matériaux de synthèse à partir de bois non-massifs et transformés constitue un procédé ingénieux et efficace pour valoriser les déchets issus du bois.

Ils sont très utilisés dans le mobilier moderne à grande échelle, en particulier pour leur stabilité dimensionnelle et leur faible coût.

Ces matériaux sont présentés par les grandes enseignes comme une alternative viable à la déforestation, car ceux-ci permettraient de limiter le recours à l’utilisation de bois de qualité (le débat reste ouvert, eu égard au volume de production).

En dépit de normes et réglementations toujours plus strictes, des particules volatiles reconnues nocives pour la santé se dégagent de ces matériaux. Elles sont le fruit logique du traitement chimique inhérent à leur production. Si le formaldéhyde est souvent pointé du doigt, il ne s’agit pas du seul agent néfaste.

 

Les particules de bois agglomérées (panneaux).

Panneau aggloméré plaqué chêne – ©miroKo®

Il s’agit de particules, copeaux et poussières de bois issus des déchets de scieries. Ils sont agglomérés à l’aide d’un liant soumis à de hautes températures et pressions (colle, résine).

La matière qui en résulte est très dense, lourde et compacte par rapport à son épaisseur.

À éviter dans les habitations en raison de sa toxicité.

 

Les fibres de bois (panneaux MDF, HDF).

Issues des déchets de scieries, les fibres de bois sont reliées entre elles à l’aide d’un liant (résine) soumis à de fortes températures et pressions.

Également à éviter dans les habitations en raison de sa toxicité.

 

Les lamelles de bois minces et orientées (OSB).

Panneau d’OSB – ©miroKo®

Ce sont des lamelles de bois très minces, orientées dans plusieurs direction et agglomérées entre elles à l’aide d’un liant soumis à de hautes températures et pressions (colle, résine).

Le matériau obtenu via ce processus est relativement léger et stable. Sa toxicité est moindre par rapport aux matériaux précédents.

 

Les assemblages à partir de bois massif (lamellés-collés).

Si l’on se rapporte à la définition que nous fournit le dictionnaire du BTP, le bois massif est un bois non-transformé qui n’entre pas dans la catégorie des lamellés-collés.

Au sens stricte, ces assemblages ne sont pas du bois massif, bien qu’ils soient couramment assimilés comme tel par… Tout le monde.

L’avantage des assemblages à partir de bois massif tient à sa meilleure stabilité dimensionnelle.

Dans ce processus, le cœur de l’arbre a été enlevé et les fibres du bois ont été rompues à de multiples reprises avant le collage des lames. Le but étant de limiter le travail naturel du bois, qui rappelons-le, est une matière vivante.

Cette relative stabilité ne rivalise toutefois pas avec les matériaux agglomérés cités précédemment. Néanmoins, le matériau gagne en qualité matérielle et en esthétique.

Un meuble ou un objet en lamellé-collé peut être assemblé en utilisant des bois provenant de plusieurs arbres. Par ailleurs, différentes parties ou essences de bois peuvent être mélangées entre elles dans un but purement esthétique.

D’une manière générale, les lamellés-collés se repèrent facilement car le veinage du bois, donc son dessin naturel, est discontinu.

C’est le cas par exemple de ce bol en bois (patchwood) :

bol en bois lamellé-collé

Bol en bois lamellé-collé. Le veinage du bois est discontinu. © miroKo®

 

Les feuilles de placage.

Il peut paraître étonnant de retrouver les feuilles de placage dans cette catégorie, et pourtant ! Il s’agit bien de (très) fins morceaux de bois massif. Ce matériau sert, dans sa finalité, à donner un aspect « bois massif », le plus souvent à des matières synthétiques.

 

Le trois plis massif.

Le trois plis est le « dernier cri » de ce qui se fait en termes de panneaux de bois. D’une stabilité et d’une esthétique très appréciées, le trois plis massif est le résultat d’un assemblage de 3 couches de bois massif collées à froid.

 

Le bois lamellé-collé (BLC, patchwood, BMR).

Le BMR (bois massif reconstitué), le BLC (bois lamellé-collé), ou le patchwood, résultent d’un collage de plusieurs lames de bois massif. Dans le cas du patchwood, les lamelles sont aboutées en morceaux courts.

Ce type d’assemblage est apprécié pour sa stabilité dimensionnelle, son esthétique et parfois pour son aspect hétérogène. Mécaniquement et esthétiquement parlant, il est au plus proche du bois massif.

NB : Le BMR est parfois différencié du BLC, car ce premier aurait des lames de bois plus épaisses.

Il s’agit, à mon humble avis, d’une distinction superflue dans la mesure où le processus de fabrication est le même.

Pour donner une image concrète, disons qu’un petit arbre à partir duquel on débiterait de petites et fines lames de bois, n’en resterait pas moins « massif ».

L’épaisseur du matériau est-il vraiment un critère de différenciation à prendre en compte ?

Il est intéressant de noter ici qu’un présupposé veut que le bois massif ait tendance à être plus épais, brut, lourd voire « grossier ». Nous y reviendrons plus loin.

Les bois massifs.

Le bois massif.

Comme son nom l’indique, il est issu de la masse de l’arbre.

Qu’il s’agisse de plateaux bruts de sciage, de bois avivé ou corroyé (comprenez un bois dégrossi, ou raboté), ce dernier ne devrait en aucun cas avoir subi les étapes de transformation exposées plus haut.

Si les lamellés-collés utilisent effectivement le bois massif, la différence fondamentale réside en ce que le bois massif n’a pas recours à une transformation, un collage ou à un quelconque traitement chimique en vue de le dompter ou d’en limiter les comportements naturels.

Robuste, plein et souple, le bois massif est par conséquent ce qui se trouve au plus proche du bois naturel. Il est à fortiori constitué d’une pièce d’un seul tenant, originaire d’un arbre unique.

Le bois massif « pur »  présente un veinage et donc un dessin naturel harmonieux et continu.

Comme on peut le constater avec ce bol en bois massif tourné, l’épaisseur du matériau n’entre aucunement en compte et la différence n’en reste pas moins manifeste :

bois massif

Bol en bois massif miroKo®, le veinage du bois et son dessin sont continus, les fibres ne sont pas rompues. Absence de collage ou d’assemblage. La pièce est nécessairement obtenue à partir d’un arbre unique.

 

Un matériau quasi absent de la grande distribution.

La définition peut paraître très restrictive. À sa lumière, comment considérer qu’un meuble puisse être en bois massif ?

À la faveur des raccourcis de langage et du marketing, le lamellé-collé est aujourd’hui couramment considéré comme du bois massif.

Après tout, une table peut-elle être d’un seul tenant et sans assemblages ? Peut-être, mais elle risque de (vraiment) beaucoup travailler, ce qui peut compromettre son utilité première.

À ce propos, je serais curieux de suivre l’évolution dans le temps de ces grandes tables coulées à la résine époxy qui font fureur sur les réseaux sociaux…

Car le bois, même sec, ne devient pas immobile pour autant… Surtout avec nos modes de chauffage modernes.

Comme un proverbe, mon maître déclarait : « Le bois, c’est comme les ébénistes. Ça travaille toujours ! ».

La distinction soulevée en amont, à savoir celle du BMR versus BLC, qui tiendrait uniquement à l’épaisseur des lames, révèle la véritable question à se poser :

« Où commence et où finit le bois massif ? »

Si la réponse est claire lorsqu’il s’agit de comparer les matières synthétiques avec les matières naturelles, cela n’est pas si évident lorsqu’on s’attaque aux lamellés-collés, puisqu’il s’agit du processus le plus commun pour ouvrer le bois massif.

Enfin, trouver du « pur » bois massif n’est pas chose aisée pour les non-professionnels.

En effet, ce dernier s’accommode peu des standards de la production de masse, dont les soucis principaux demeurent l’uniformité et la rentabilité. Or, le bois massif est un matériau non altéré et vivant. Il demeure indomptable et s’avère souvent plus onéreux.

Bien que des plateformes en ligne s’adonnent à la vente de bois massifs à destination du grand public, cette tendance ne s’est pas (encore) généralisée à la grande distribution.

bois massif

Plateaux en bois de chêne massif brut de sciage. © miroKo®

 

Conclusion

Est-ce à dire qu’il serait de mauvaise foi de garder une définition absolue et sans compromis du bois massif ?

Fort(e) de ces éclaircissements, vous serez à même de vous faire votre propre opinion, exclusive ou inclusive ! Pour l’essentiel, vous ne vous ferez pas avoir par des meubles en contreplaqué imitation « bois massif ».

Vous serez surpris(e) de constater que tous les professionnels ne tiendront pas le même discours si vous leur posez la même question. Il ne s’agit certainement pas d’incompétence, mais bien d’un point de vue différent ou d’un raccourcis de langage.

Face à tant d’incertitudes, on peut quand même se consoler avec quelques points clefs à retenir. En principe, le bois massif :

  • A un veinage continu.
  • Est une pièce d’un seul tenant issue d’un arbre unique.
  • N’a pas subi de transformations.
  • N’est pas forcément épais.

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